L’art en temps de crise

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February 28, 2021 // Temps de lecture : 20 mn
Vietnamese Street Artists with Dominique Mourey, founder of DRIP'IN

Fresque de l’artiste Miot sur un mur de Shanghai, Chine

Peut-on s’enfermer chez soi sans se fermer au monde ?
Si le confinement chez soi/à domicile s’est imposé à nous dans toute sa nouveauté au risque de nous prendre au dépourvu, on peut à présent tenter de tirer quelques enseignements de cette période particulière. Comment les êtres éminemment sociaux que nous sommes peuvent-ils conserver un lien avec la culture qui nous constitue de part en part ? Peut-on s’enfermer chez soi sans se fermer au monde ? Comment décloisonner ?

L’art permet d’oublier un instant l’actualité et de prendre de la hauteur.
Angoisse des chiffres, attente des annonces, lourdeur des enjeux économiques, controverses médicales, … et si l’on mettait tout cela un instant de côté ?
Face à des situations de crise, on a tendance à réduire le monde à ces questions anxiogènes. Or ne serait-il pas salvateur de profiter de ces moments spéciaux pour arpenter le monde par la pensée et en contempler les richesses ?
L’histoire de l’humanité est certes l’histoire de la lutte contre les maladies, de la gestion des corps et de la prévention des risques, mais elle aussi l’histoire de la créativité, del’expression de la singularité.

Si les crises sanitaires nous rappellent que nous sommes des êtres vivants avec des besoins qu’il faut continuer à satisfaire et des fragilités face auxquelles nous devons nous rassembler, elles ne doivent pas occulter la dimension proprement humaine de nos existences : la culture. Décloisonner c’est continuer à découvrir, se questionner, enrichir et transmettre, en clair, se maintenir en éveil. L’art permet de ne pas réduire l’homme à son corps et de renouer avec la grandeur de l’humanité.

L’art unit l’humanité dans l’espace et dans le temps.
L’homme est un créateur, il produit de la nouveauté et il est capable d’inscrire dans le monde une empreinte de lui-même et de la léguer à la postérité. C’est ce que Hegel, philosophe allemand du XIXe s., identifie déjà dans l’action de l’enfant qui ne peut s’empêcher de jeter des cailloux dans l’eau : il veut voir, dans l’apparition des ondes concentriques à la surface, une modification du monde dont il soit lui-même l’auteur.

Or contrairement au caractère éphémère des ondes, les œuvres peuvent traverser les époques. L’objet d’art est un vestige, un témoignage historique qui, préservé de la morsure du temps, nous ouvre sur le passé, nous fait voyager dans le temps. C’est grâce à l’art qu’on peut accéder aux pensées intimes de cultures éloignées des nôtres, dans le temps ou dans l’espace. Qu’on pense à la dame aux fauves retrouvée à Catal Höyük, cette figurine d’une dizaine de centimètres qui contient en elle-seule tout l’expression de la maîtrise nouvelle de la nature par l’homme.

Or quoi de plus libérateur que cette ouverture sur le monde et sur l’histoire, dans une période où le quotidien, parfois rythmé par des sorties chronométrées, nous enferme dans une monotonie pesante ? Car les artistes peuvent nous permettre de mieux comprendre la situation traversée. Ils offrent des représentations de notre époque, extériorisent notre intériorité.

C’est bien ce dont témoignent les travaux des street artistes et le recul critique, parfois anticipé, auquel ils nous invitent à propos de la crise sanitaire. On peut penser ici à l‘ode aux professionnels de santé par Fake à Amsterdam ou par Catman à Londres, au rappel des mesures de confinement par Nello Petrucci en Italie, à la critique de la politique américaine par l’artiste Mexicain Himed Stencil, ou celle du Brésil par Aira Ocrespo, etc. L’engagement des artistes répond, dans le monde entier, à la pandémie de covid-19.

Fresque “ Super nurse”, ode à tous les professionnels de santé de l’artiste Fake à Amsterdam, Hollande.  Photo : @Fake

Le tableau est une fenêtre sur le monde.
Dès lors, posséder chez soi un tableau, c’est ouvrir une fenêtre sur le monde. Non pas une fenêtre sur la rue mille fois arpentée et ses routines mais sur un monde étranger, celui d’un regard singulier. Or cette ouverture sur le monde qui nous est ainsi offerte par l’œuvre d’art n’est pas figée. Car si on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, il faut reconnaître qu’on ne voit jamais deux fois le même tableau puisque notre perception évolue.

Parfois un détail nous apparaît soudainement, parfois le pouvoir évocateur de l’œuvre nous émeut plus qu’à l’ordinaire, parfois un rayon de soleil vient jeter sur la toile une lumière nouvelle.

Et lorsque l’habitude tend à endormir notre perception et que nos œuvres d’art ne nous interpellent plus, pourquoi ne pas profiter du  confinement pour réorganiser notre intérieur et exposer sous un jour nouveau ces œuvres qui, se fondant si bien dans le décor, avaient fini par disparaître ?
L’art nous permet de traverser les murs, l’intérieur ouvre sur l’extérieur et le regard transperce le tableau. L’intimité n’est jamais une fermeture, elle donne accès autre chose que soi.

Tableau de Bonnard : “Salle à manger à la campagne”

L’art invite à un changement de perception.
Lorsque les mesures sanitaires nous assignent à résidence, elles appauvrissent notre environnement visuel. Nos yeux s’ouvrent et se ferment tous les jours dans le même décor et le sentiment d’enfermement n’en est que plus pesant. Pourtant, à défaut de pouvoir changer le réel, il suffirait peut-être de modifier le regard que nous lui portons.
N’est-ce pas précisément la vertu principale de l’art que de nous inviter à voir ce que nos préoccupations nous conduisent à occulter ? Selon la formule de Paul Klee, “la peinture ne reproduit pas le visible, elle rend visible”.

 

L’art dévoile la réalité.
Car notre perception est d’abord un instrument qui nous permet d’agir et ce que l’on voit est orienté par ce que l’on fait, par nos préoccupations, nos soucis. A ce titre, notre perception quotidienne est appauvrie, le monde que l’on perçoit est réduit au monde de l’action, il est parasité, et la beauté des choses ne nous parvient plus, ne nous surprend plus.

A cet égard, on s’enferme, on étouffe. Pour éveiller la sensibilité artistique, il faudrait alors se détacher de nos impératifs, de l’urgence de notre quotidien et voir autrement. Ainsi s’est par exemple développé le festival des arts confinés qui relayait tous les jours à 19h sur le site web Agora Off différentes propositions artistiques créées durant le confinement.

Photo intitulée  “Excès de zèle” de Samuel Moulin

Adopter un regard d’artiste, c’est laisser au monde une chance de nous surprendre. C’est ce qu’illustre la scénographe de théâtre Valérie Jung qui, percevant la cour en bas de chez elle comme une scène de théâtre, a mis en place le projet “Solitudine”, une série photographique dans laquelle les passants, les uns après les autres, prennent part à la pièce de nos quotidiens.

Photo de la scénographe de théâtre Valérie Jung issue du projet “Solitudine”

On retrouve également sur ce point les prouesses des street artistes qui, privés de leur terrain d’expression, comme d’autres ont été privés de leurs ateliers, ont fait preuve d’inventivité pour contourner les interdits. Ainsi le street artiste Normand Gaspard Lieb a projeté sur le mur qui lui faisait face, le retour des enfants à l’école.

Les règles du confinement stimulent notre capacité d’adaptation et d’innovation. De nombreux foyers ont en effet profité de cette période pour stimuler leur créativité avec les matériaux à disposition.

Mettant la contrainte spatiale au service de la création artistique, Joseph Hélie, artiste bordelais photographe et street artist, interroge la limite avec le projet “horizon(s) 1km”.  Qu’est-ce qu’une frontière ? Qu’est-ce qu’un horizon ?

Installation collage photographique sur les quais de Bordeaux (© Josef Helie)

Mettre les contraintes au service de la création, c’est également le pari relevé par les participants au “Getty challenge” qui ont reproduit chez eux les scènes de tableaux de maître, à l’instar du très connu tableau “La jeune fille à la perle” de Vermeer. L’art dans l’art a donné lieu à une explosion virale planétaire sur les réseaux sociaux rappelant l’importance de l’art dans la composition des liens sociaux, y compris et à fortiori peut-être, dans les périodes de crise.

L’émotion esthétique est une expérience d’évasion.
Dans l’émotion esthétique, nous sommes en fait arrachés à notre condition présente, en un sens, nous ne somme plus là. Nous quittons notre corps. L’émotion nous offre en ce sens un répit, une parenthèse au cours de laquelle nous ne nous définissons plus comme cet être singulier et séparé des autres mais comme un être humain qui peut partager avec des individus pourtant très différents de lui, le spectacle de la beauté. Voir, au musée, une étudiante à côté d’un octogénaire, partager la même affection pour un tableau, c’est faire l’expérience d’une humanité qui nous rassemble.

On peut donc affirmer que l’art a le pouvoir de nous mettre en relation, même quand le contexte nous sépare. Car même si les jugements/goûts artistiques sont parfois bien différents, il est certain que face à une œuvre une communication est possible, une discussion peut se mettre en place.
Accrocher un tableau chez soi, c’est initier une expérience commune dans laquelle on peut, seul ou à plusieurs, s’évader du quotidien et suspendre l’isolement.

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