Quand les graffitis sont engagés
Les dénonciations politiques par le graffiti ont toujours existé. Les désaccords envers les régimes et systèmes non démocratiques du monde sont en effet souvent dénoncés sur les murs.
Les graffitis témoignent de l’engagement social, politique ou contestataire. Ils sont souvent les moyens d’expression les plus visibles et les plus parlants dans les pays soumis à des régimes opprimants ou totalitaires.
Les risques encourus pour graffer les murs sont en général très élevés. Il faut aller vite pour inscrire son désaccord.
Les messages véhiculés sont donc forts, directs, et sont destinés à éveiller les consciences des populations.
Les graffitis contestataires au XXème siècle
Le Movimiento Muralista Mexicano, mouvement s’identifiant à la révolution mexicaine de 1910, a œuvré pour revitaliser la culture locale violemment réprimée depuis l’époque coloniale. Il a peint des messages engagés lors des combats contre le régime mexicain du début des années 1920.
En 1973, au Chili, ce sont les groupuscules tels que la brigade Ramona Parra ou l‘Agrupación de Aristas Plásticos Jóvenes (APJ) qui ont réalisé des peintures avec des slogans de protestation contre la dictature de Pinochet. Durant cette époque de forte répression, ils ont pris tous les risques pour alerter le peuple de l’emprise totalitaire du pouvoir.
[De gauche à droite] Fresque dénonçant le harcèlement sexuel en Inde – Peinture murale caricaturant le colonel Kadhafi en Lybie.
Et les graffitis dénonciateurs au XXIème siècle
Les graffitis accompagnent les grands mouvements de l’ère contemporaine. En effet, ils participent de tous les mouvements de protestation. Ils sont présents durant la seconde guerre mondiale, comme lors la révolution de mai 68 en France.
On les retrouve sur les murs de Cancun, de Bethlehem, de Belgrade ou de Manille, colorés, imposants et visibles.
Ils sont utilisés par les manifestants du monde entier et sont l’expression rapide et visuelle de leur mécontentement. Quelle que soit la cause défendue, les graffitis et fresques murales illustrent le combat.
Plus récemment, lors de la révolution égyptienne de 2011, les jeunes du pays ont exprimé leur désaccord politique sur les murs de leurs villes. Ils ont combattus avec des peintures, des affiches et des graffitis. Au même moment, les jeunes de Libye graffaient leur rejet de Kadhafi.
Enfin, les grandes manifestations apparues en 2020 aux Etats-Unis en référence au mouvement « Black Live matters » ont été les témoins de nombreuse fresques à la mémoire des victimes des violences policières.
“Women are Heroes” par l’artiste JR, Rio de Janeiro, Brazil, 2008 – Source www.jr-art.net
Les street artists défendent les causes
C’est pour honorer les femmes, victimes de la guerre, des crimes et des viols, que JR s’est engagé. Il a d’abord œuvré dans la favela de Morro da Providência, puis dans un bidonville de Nairobi et à la frontière américano-américaine. L’artiste a voulu rendre hommage à ces femmes et leur redonner un peu de dignité, tout en alertant le monde sur les exactions auxquelles elles sont quotidiennement exposées.
Banksy, quant à lui, œuvre régulièrement en faveur de la cause palestinienne, entre autres actions de dénonciation. Il a notamment créé des œuvres sur le mur construit par Israël en territoire palestinien, qui a été jugé « illégal » par la cour internationale de justice de La Haye.
Rapidement, Banksy a récidivé lors de la décoration du Walled-Off Hôtel à Bethléem.
Dans cet hôtel situé sur le mur de séparation des territoires, la dénonciation est totale: en témoignent le buste se protégeant des gaz lacrymogènes et les trophées en forme de caméras de surveillance et de frondes des manifestants. Sans oublier la suite présidentielle, décorée par l’artiste lui-même, qui dispose « de tout ce dont un chef d’Etat corrompu a besoin »…
Le combat sur les murs
Les graffitis et le street art sont des marqueurs forts des engagements sociaux à travers le monde. Ils sont impactants, rapides, poétiques ou violents.
les graffitis alertent sur les dérives des systèmes et participent de l’ouverture au monde des combats que les artistes mènent sans relâche pour dénoncer l’oppression.