Suby One
Un écrivain et artiste discret mais engagé
Suby One est un artiste graffeur franco-vietnamien basé à Ho Chi Minh Ville, au Vietnam. Suby One est un amoureux du graffiti et de tous les aspects de la culture urbaine. Après une enfance passée en France à baigner dans le graffiti, il a ouvert une galerie pour promouvoir cet art dans son pays d’origine.
Suby One a commencé à écrire et à peindre à Paris à l’âge de 13 ans, puis, à 15 ans, il est passé de la peinture des murs et extérieurs de Paris à celle des souterrains… et plus particulièrement des métros.
Pour lui, le graffiti a de nombreux avantages, de l’adrénaline, un effet de groupe, un sentiment d’unité et d’appartenance. Agile avec les lettres comme avec les caractères, l’artiste a développé et perfectionné au fil du temps son style , et il a continué à offrir son art à tout le monde dans la rue. Suby One est ainsi convaincu que “L’art de la rue vient de la rue, il n’appartient à personne, ou il appartient à tout le monde”.
C’est lors de son second voyage dans son pays d’origine qu’il décide de s’y installer. C’est chose faite dès l’année suivante, attiré par le développement vibrant du pays et surtout de Saigon, la ville « rebelle » du Sud où tout se passe. Suby One souhaite participer ardemment à la scène artistique locale et en devient rapidement l’un des moteurs du graffiti.
Vivant désormais au Vietnam, il est l’ambassadeur du graffiti et de l’art urbain dans le pays et croit vraiment que l’Asie deviendra le prochain épicentre de l’art contemporain. Il a ouvert sa galerie, “Giant Step Gallery” et à partir du graffiti, Suby One suit son chemin en franchissant les frontières de l’art contemporain avec des pièces abstraites, qu’il expose dans des musées.
Ses inspirations
S’inspirant du mouvement graffiti émergeant aux Etats-Unis, Suby One a été influencé par Mode 2, né aux Etats-Unis, mais qui s’est installé en France par la suite. Il considère Mode 2 comme en avance sur son temps en raison de ses personnages, de ses compositions et de ses fresques.
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Interview de SubyOne
Comment te définis-tu ? Pourquoi ?
Je me définis avant tout comme un graffeur. J’ai découvert le graffiti a 12 ans et cela fait plus de 20ans que je pratique cet art. Celui-ci m’a fait aussi fait découvrir l’art en général.
En tant qu’artiste je suis plutôt éclectique, je ne me cantonne jamais à un seul medium, j’aime apprendre, découvrir.
“I am always doing that which I cannot do, in order that I may learn how to do it.” P. Picasso (NDLR : « J’essaie toujours de faire ce que je ne sais pas faire, c’est ainsi que j’espère apprendre à le faire »).
Je peins, je sculpte, je fais aussi des installations. Je n’ai pas de style précis, je suis sans cesse en évolution.
Quelle est ton histoire ? Quelles sont les raisons qui t’ont poussé à peindre ?
Je suis enfant d’émigrés, mes parents ont fui la guerre du Vietnam et ont trouvé la France comme pays d’accueil. On a atterri en banlieue parisienne, à Vitry sur seine.
A Vitry, j’ai découvert le Hip Hop et le graffiti, media de la culture urbaine qui se sont d’abord développés aux Etats-Unis. Je me suis tourné vers le graffiti, c’est ce qui me représentait le mieux.
J’ai toujours dessiné. Mon père était artiste, mais en raison du poids des traditions, de la guerre, il a abandonné. Aujourd’hui encore je suis incapable de faire des portraits réalistes comme il le faisait.
Je suivais les grands de mon quartier pendant leur soirée nocturne à tagguer la ville, ou j’ai vite appris, j’avais des facilitées. J’ai intégré le Crew, j’ai ensuite taggué la ville, puis, très vite graffé les métro parisiens. J’ai dû faire une centaine de trains et de métros de Paris et sa région.
L’adrénaline, l’aventure, le risque, c’était la meilleure drogue.
Qu’est-ce qui t’inspire ?
Je m’inspire de tout, là où mes yeux se posent, mon regard se perd. Je mixe, je m’inspire et je régurgite tout ça à ma sauce. C’est un medley de mon expérience, de mes racines, de mes envies.
Quel est ton « terrain de jeu » préféré ?
Mon terrain de jeu d’aujourd’hui n’est plus illégal. Du coup, j’ai appris à peindre doucement, à prendre mon temps.
J’aime faire des murs là où je vis.
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Quel est le matériel et quelles sont les techniques que tu utilises ?
Tout commence par un bon crayon et un papier. Ensuite, le spray, évidemment. Et je peux très bien aujourd’hui peindre à l’huile comme sculpter des artoys (NDLR : petites figurines représentant généralement le monde du graffiti).
Quel est le projet le plus important sur lequel tu as travaillé ? Pourquoi ?
Je dirais ma première expo, pour fêter les 20 ans d’un de mes crews.
J’ai toujours peint, même des toiles. Mais je ne les gardais jamais, je les offrais aux amis.
Lors de cette expo, j’ai présenté pour la première fois mon travail Graffiti Abstrait et mes sculptures.
L’accueil n’a pas été terrible, personne ne comprenait ce que ce graffeur faisait.
Mais j’ai eu de bons retours de la part d’initiés de l’art, ce qui m’a poussé à continuer.
Quels sont les principaux artistes qui t’ont inspiré au départ ?
Mes grands frères. Ensuite des noms comme Mode2, Bando, Skeme.
Quels sont les principaux artistes qui te font vibrer aujourd’hui ?
Les artistes qui aujourd’hui me font vibrer sont plutôt les artistes contemporains comme Richter, Paul Kremer. Et les anciens peintres comme Carravagio, et aussi l’école américaine du colorfield.
Selon toi, l’art urbain a-t-il un impact sur la vie des gens ?
Je dis souvent que l’art Urbain est le dernier grand mouvement artistique, mais celui-ci étant pas académique, il n’est pas encore considéré comme un art à part entière.
Mais c’est un art, qui provoque, qui dérange, qui engendre des émotions, qui change le paysage urbain.
Pas besoin d’être initié pour aimer cet art gratuit, qu’on voit à chaque coin de rue. Pas besoin non plus d’école pour le pratiquer.
Penses-tu que ton travail interroge la société ? De quelle manière ?
Je n’ai pas la réponse, mais mes œuvres expriment ma vision, mon existence dans ce milieu urbain, ma position dans la société. C’est très personnel, je n’ai pas de message universel, si ce n’est celui d’un peintre qui laisse sa marque, la trace de son passage sur terre.
Le concept Drip’in est d’amener l’art urbain dans les foyers. Notre objet emblématique est un train blanc, que nous laissons librement entre les mains des artistes. Pourquoi as-tu choisi de collaborer à ce ” Cover It Project ” ?
Le train c’est mon premier amour, donc c’était facile, comme des retrouvailles.
Le défi est aussi de faire découvrir notre art sur un roulant. Plus jeune, le but était d’avoir, de voir sa peinture sur un train en marche, roulant sur Paris.
Avoir une pièce d’art peinte comme ce train chez soi, c’est comme avoir le train à l’arrêt en gare.